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Interview de Justine Fortun-Alhinc, photographe et entrepreneure salariée chez GrandsEnsemble depuis 2023

Propos recueillis par Véronique Estrade, rédactrice web, entrepreneure salariée chez GrandsEnsemble.

 — En quoi consiste ton activité Justine ?

Je mets en valeur le métier des entrepreneurs et des TPE à travers la photo ou la vidéo. Je fais également du reportage d’activité sur le terrain pour des structures à vocation sociale, associative, sportive, pour les métiers du bien-être ou toute autre activité professionnelle.

Par exemple :

  • Pour un artisan qui souhaite montrer comment il fabrique un objet ou une graphiste qui montre comment elle travaille.
  • Lors d’un événement d’entreprise : un apéro réseau ou une A.G. Mon but est de capturer les échanges entre les personnes.
  • Pour des sessions de portraits de collaborateurs, comme chez GrandsEnsemble (G.E.).

J’aspire à proposer des séances authentiques. J’ai par exemple accompagné une masseuse de la coopérative durant 3 séances, afin de vraiment vivre le moment avec elle et ses clients, de façon à ne pas interrompre le soin, de photographier ce qui se passe et d’éviter toute forme de mise en scène.

— Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire du reportage photo ?

J’ai une amie qui est thanatopractrice, c’est une personne qui s’occupe des défunts avant qu’ils ne soient mis en bière ou incinérés. C’est un métier impressionnant en soi et j’avais envie de mettre en lumière ce type de métiers dont on ne parle jamais, qui sont dans l’ombre.

Par là, je voulais aussi répondre à un besoin que j’ai eu quand j’étais plus jeune, puis en reconversion, d’avoir une vision sur les métiers qu’on ne connaît pas grâce à la vidéo ou la photo. De plus en plus de personnes parlent de leur métier sur Tik Tok et je trouve très intéressant d’avoir ces outils à disposition.

— Pourquoi avoir fait le choix de créer ton activité ? Que faisais-tu avant ?

J’ai lancé mon entreprise il y a 1,5 an. Avant, j’ai fait des études de Lettres, dans le marketing et le tourisme. Des études éclectiques qui m’ont permis d’acquérir une certaine polyvalence.

J’ai notamment travaillé dans une association de volontariat et d’insertion à l’étranger. C’était une expérience très intéressante et marquante, mais qui m’a conduite à faire un burn-out à 25 ans. J’ai eu un électro-choc et j’ai réfléchi sur mon fonctionnement et mes envies professionnelles.

J’ai ensuite travaillé chez Super Quinquin, un supermarché coopératif pour lequel j’étais en charge de la gestion des membres et des plannings. Le fait de monter un projet en communauté, le créer ensemble et le faire grandir me parlait énormément. Je me suis arrêtée après 3,5 ans par fatigue et avant de dépasser un point de non-retour.

En mai 2022, je suis donc au chômage et je prends le temps de réfléchir à la suite en faisant un bilan de compétences. Il en est ressorti que je souhaitais entreprendre, tout en gardant un aspect polyvalent, humain et collaboratif dans mon activité. Il y avait également l’aspect créatif que j’avais beaucoup laissé de côté ces dernières années. La photo et la vidéo m’ont paru être les moyens les plus opportuns pour conjuguer l’ensemble de ces envies.

— D’où vient ta passion pour la photographie ?

C’est une activité qui m’animait déjà au quotidien par le passé. Ma mère et mon frère ont toujours eu des appareils photo avec eux. J’ai vécu toute ma jeunesse avec des argentiques Minolta, et j’ai acheté mon premier appareil photo avec mes parents vers 16 ou 7 ans.

J’ai toujours eu un appareil photo avec moi. C’était un élément assez naturel pour moi, une sorte de prolongement de moi-même. Et j’ai toujours un appareil photo jetable sur moi pour habituer mon œil à autre chose et me dire : « Là, c’est le moment ou jamais pour prendre la bonne photo ». L’outil est intéressant et il y a un aspect souvenir papier à conserver. Je garde aussi certaines de ces photos pour écrire des cartes postales.

— Y a-t-il eu des obstacles dans la création de ton activité ?

Ça a immédiatement été assez fluide. Je ne vis pas encore de mon activité aujourd’hui, mais les contacts se sont faits facilement que ce soit pour un festival de musique l’été dernier ou pour une équipe de sport que j’accompagne régulièrement.

Ces missions, je les ai obtenues suite à ma prise de contact, et ça s’est fait presque du jour au lendemain, après deux ou trois mails. Je n’ai finalement pas fait énormément de prospection, j’ai simplement contacté des structures pour lesquelles je me sentais à l’aise de travailler et de manière assez décontractée.

— Pourquoi GrandsEnsemble, comment as-tu connu la coopérative ?

Il y a 4 ou 5 ans, j’étais en colocation avec une amie entrepreneure et je l’ai accompagnée à une réunion d’information de GrandsEnsemble. Déjà, la coopérative d’activité et d’emploi (C.A.E.) m’intriguait et elle est restée dans un coin de ma tête.

Et puis au moment où je me suis lancée, j’avais des proches qui étaient chez GrandsEnsemble et qui m’ont encouragé à rencontrer l’équipe. La signature s’est faite en un mois : j’ai fait la réunion d’information en décembre et je me suis inscrite le 1er janvier 2023 !

— Pourquoi avoir choisi une C.A.E. ?

L’entrepreneuriat me semblait être une démarche très individuelle et chronophage sur le plan administratif. Je n’avais pas envie de ça. Le milieu coopératif j’en viens et je trouvais que c’était une suite logique pour mon lancement.

— Une belle histoire à nous partager en tant qu’entrepreneure salariée ?

Tout simplement l’association entre le contrat d’appui au projet d’entreprise (Cape) et France Travail. Les 2 combinés permettent d’avoir une sécurité pour pouvoir réfléchir à son projet et prendre le temps de s’exercer, d’expérimenter autant qu’on le souhaite.

C’est agréable de se dire qu’on peut expérimenter en étant accompagné et commencer à pouvoir cagnotter nos premières missions facturées. Le projet est déjà concret de cette manière. Avec le Cape, il y a déjà un énorme gain au niveau de l’expérience acquise et un vrai soulagement vis-à-vis du démarrage de l’activité. Alors, qu’est-ce que ça sera quand je serai salariée ?

— entrepreneur salarié, que t’inspire ce statut ?

Le fait d’être en coopérative permet d’accéder à un réseau, qui est compétent, qui est diversifié, et qu’on peut rencontrer régulièrement grâce aux apéros et aux ateliers qui sont proposés. C’est très intéressant et c’est une plus-value énorme.

Il y a aussi le budget contributif qui permet d’expérimenter de nouvelles offres ou simplement de participer à la vie de la coopérative. Dans mon cas, proposer de faire les portraits des entrepreneurs, c’est aussi bien pour me faire gagner en expérience que pour donner un coup de main aux entrepreneurs qui se lancent et ne disposent pas de ces outils-là.

— Peux-tu nous partager un de tes meilleurs souvenirs chez GrandsEnsemble ?

La réunion d’intégration d’abord. Le fait d’être accueilli dans un groupe, connaître les divers acteurs de GrandsEnsemble, tous les salariés et les personnes qui gravitent autour. Rencontrer aussi de nouveaux entrepreneurs ou des anciens et se dire : « ça y est l’aventure commence et je ne suis pas solo ! ». C’est grisant comme départ.

Et puis il y a aussi tous les accompagnements avec mon conseiller, Grégory. Il me donne des conseils, m’accompagne et me pousse à l’aide d’objectifs, le tout dans une bonne ambiance. Il est mon garde-fou, il m’aide à me concentrer et à me garder sur le droit chemin.

— Une réalisation dont tu es particulièrement fière ?

Toutes les expériences qui m’ont construite et m’ont permis d’acquérir de la confiance. Notamment avec l’association sportive, Parkours 59. ils me font une grande confiance et je m’amuse vraiment avec eux. Je fais partie d’un groupe, d’un projet grisant et qui me permet de me tester à la photo sportive.

L’entraide avec d’autres entrepreneurs me marque également, comme avec Marie Panayoty. Nous sommes toutes les deux dans la même démarche et les mêmes étapes dans nos projets respectifs, nous avançons ensemble.

— Quel conseil donnerais-tu à de futurs entrepreneurs ?

Je n’ai aucune qualification dans la photo et la vidéo. Je m’autoforme avec les rencontres de professionnels et les informations que je trouve par moi-même. Cette démarche m’apprend autant que de passer des années derrière un bureau à étudier. Les freins pour se lancer peuvent être nombreux, alors qu’il faut finalement peu de chose.

Les paroles d’Orelsan résonnent souvent en moi : « Si tu veux faire des films, t’as juste besoin d’un truc qui filme ». Tu n’as pas besoin de grand-chose, si ça te passionne, lance-toi !