William MAIRESSE
©photo : FORTUN-ALHINC, entrepreneure en CAPE chez GrandsEnsemble

Interview de William Mairesse, entrepreneur salarié

Consultant formateur dans le milieu agricole et entrepreneur salarié chez GrandsEnsemble depuis 2018

Propos recueillis par Véronique Estrade, rédactrice web, entrepreneure-salariée chez GrandsEnsemble.

— En quoi consiste ton activité, William ?

Chez « Haut les Courts », ma mission est d’aider les agriculteurs, qui commercialisent leurs produits biologiques en circuit court, à bien vivre de leur métier. C’est-à-dire, à la fois en termes de revenus, mais aussi de manière à se libérer du temps.

En complément de cette activité de conseil, je forme les producteurs, via des centres spécialisés, et je donne des cours à des étudiants en agronomie, sur les questions de commercialisation, de marketing et de négociation commerciale notamment.

— Pourquoi as-tu choisi cette voie ?

Lorsque je vivais en Alsace, j’ai travaillé pour la structuration des filières agricoles biologiques. J’ai constaté à ce moment-là que les producteurs obtenaient des réponses collectives à leurs problématiques, via les chambres d’agriculture ou groupements bio, mais assez peu individuelles, et qu’il y avait un manque.

Les produits bio sont parmi les meilleurs produits du marché, pour autant, les agriculteurs ne parviennent pas forcément à bien les valoriser. C’est alors que cette idée d’activité de conseil a germé.

— Pourquoi avoir fait le choix de créer ton activité ? Chez Grands Ensemble en particulier ?

C’est un concours de circonstances. J’ai lancé mon activité quand j’ai déménagé dans le nord dans le cadre d’un rapprochement familial. J’avais une bonne connaissance du milieu agricole et j’avais identifié ce besoin chez les agriculteurs de la filière bio. En parallèle, un ami, membre de GrandsEnsemble (GE), m’a parlé de la coopérative d’activité et d’emploi (CAE).

J’ai rejoint la structure, car j’appréciais l’idée de ne pas être seul pour démarrer mon activité, de faire partie d’un groupe et de rencontrer d’autres entrepreneurs le temps d’un apéro, par exemple.

J’ai commencé mon activité en CAPE (phase de lancement) en 2018 chez GE. Et, après un renouvellement, je suis passé en CDI.

— Y a-t-il eu des obstacles pour créer ton entreprise ?

Le plus difficile pour moi a été de structurer mon activité au démarrage, d’élaborer mon offre par rapport à mes cibles. Après, avec le temps, il faut s’adapter aux enjeux qui évoluent aussi. Mais le plus important et le plus long : frapper aux portes pour se faire connaître et savoir parler de ce qu’on propose tout en étant percutant. Il faut semer pour pouvoir récolter !

Avec les ateliers de GrandsEnsemble comme « Construire son offre », j’ai justement glané les informations qui me manquaient et me suis inspiré d’idées d’autres entrepreneurs salariés (ES). Je me suis également constitué un premier réseau en participant à quelques petits-déjeuners organisés par la CAE. Grâce à la recommandation d’un ES rencontré dans ce cadre, j’interviens désormais chez Junia (école d’ingénieur agronome).

— Pourquoi avoir rejoint une coopérative d’activité et d’emploi ? Quels ont été le ou les leviers de ta décision ?

Pour les valeurs. Le système coopératif a d’ailleurs des valeurs communes avec le réseau bio pour lequel je travaille : respect des gens, de leur travail, de juste rémunération du travail. Je suis, de fait, dans une même logique de valorisation que mes clients.

Je viens du milieu associatif avec l’idée de s’investir et d’être acteur à l’échelle de ses possibilités. La coopérative est une bonne formule, propice aux idées qui émergent, pourvu qu’il y ait des outils qui aident à communiquer ensemble. Le côté coopératif continue de se développer chez GE et doit permettre de créer encore plus de liens.

Afin d’être plus acteur que consommateur et dans une logique de construction, j’ai décidé de m’investir dans le comité social et économique (CSE) de GE. Et dans le cadre des budgets contributifs, j’aimerais d’une part mettre mes compétences à disposition pour proposer aux ES un atelier « Pitch ». Et, d’autre part, une journée « troc de compétences » où chacun partagerait ce dont il a envie. De manière à se sentir plus impliqué dans la CAE.

— Peux-tu nous partager un projet que tu n’aurais pas pu réaliser sans être ES ?

Un achat immobilier. J’ai été agréablement surpris par mon banquier : « — Vous êtes en CDI ? Alors, c’est bon ! ».

— Quel sentiment t’inspire le fait d’être entrepreneur salarié ?

J’apprécie la souplesse et l’indépendance de l’entrepreneur. Le fait de gérer mon temps et de prendre plaisir à ce que je fais. J’aime tout ce que je fais ! C’est riche humainement.

Aujourd’hui, je vis à 100 % de mon activité. Je suis d’ailleurs très fier d’avoir pu me passer des aides de l’État pendant le Covid.

— Le petit plus de GrandsEnsemble selon toi ?

Chez GE, j’apprécie le fait d’être autonome sur la gestion de mon activité, notamment avec les outils de pilotage économique mis à notre disposition, tout en ayant des interlocuteurs si nécessaire.

— Quel est ton meilleur souvenir chez GE ?

La journée inter-CAE « Hauts les coop » à Dunkerque. J’ai trouvé intéressant de côtoyer d’autres ES. C’était très inspirant, un bon moment de rencontres, d’échanges, sur les plans humain et professionnel.

Des ateliers pour s’apporter mutuellement étaient proposés. J’ai notamment participé à l’atelier de Patrice Chartrain : « Cultivons le champ du dialogue et de la coopération avec la Théorie U ». Il y était question de changement d’angle de vue, de lâcher-prise, d’adopter une vision détendue et ouverte des choses. C’était très enrichissant.

— Une réalisation dont tu es particulièrement fier dans ton parcours d’entrepreneur salarié ?

La fidélisation de mes clients. Par exemple, cela fait 5 ans maintenant que j’interviens dans le même organisme de formation régional, pour les mêmes formations, mais auprès de publics différents. Certaines personnes reviennent lorsque leurs besoins ont évolué pour trouver des réponses adaptées à leur situation actuelle. C’est une vraie satisfaction.

— Un conseil à donner aux futur·es entrepreneur·es ?

L’importance du réseau : soignez-le pour vous lancer serein.

Ayez confiance et osez faire !